Dans l'horizon
philosophique de ce troisième millénaire se profilent quelques
rares talents médiatiques qui ont cette faculté saisissante
d'appropriation de questions fondamentales encore aujourd'hui
irrésolues. Parmi ces jeunes pousses il y a le prodigue Justin
Bieber dont l’œuvre ô combien reconnue ne saurait dissimuler les
grands axes de sa pensée métaphysique.
Dans
son opus dynamique Never say never, les grands axes du
paradoxe de la causalité et de la non-détermination sont posés. Ne
jamais dire jamais ? La tournure injonctive est quelque peu
déroutante car elle incite à respecter une règle, une loi qui est
instantanément trahie. Énoncé contre-performatif pourrions nous
dire puisque l'acte même de sa prononciation décrédibilise son
contenu. En connaissance de l'engagement politique de l'auteur de ces
mots nous ne pouvons que nous résoudre à admettre l'aporie d'une
telle hypothèse : Justin Bieber ne fait pas là une critique de la
loi, et n'appelle à aucun soulèvement anarchiste ou
antigouvernemental. Dommage.
Il
est bel et bien question de ce que l'on pourrait nommer vulgairement
le hasard, comme la somme des causes complexes inconnues qui
aboutissent à un effet dont on ne peut conséquentiellement pas
prévoir la venue. Il rejoint de ce point de vue le penseur
francophone C. Mahé qui souleva l'idée quelques années plus tôt
parce qu'on ne sait jamais. Mais là où J. Bieber se
distingue d'une soumission à un certain pouvoir divin indéterminé
il invoque sans équivoque le destin. It's my destiny
affirme-t-il, clamant une foi inébranlable dans l'avenir.
Son
enthousiasme pourrait se rapprocher à celui de Lady Gaga que nous
avions évoqué précédemment, avec la différence marquante
qu'affiche une certaine humilité dans les propos présentés en
collaboration avec J. Smith : avec les exemples de Luke Skywalker et
de David contre Goliath, les références bibliques et lucasiennes ne
manquent pas pour illustrer l'espoir, la possibilité d'un
renversement de situation favorable à n'importe qui.
Il
affirme l'existence d'un destin tout en poussant chacun à tout faire
pour accomplir ce qui reste en somme une fatalité. Il faut se battre
jusqu'au bout, I will fight 'till forever, ce qui
rétroactivement nous donne le pouvoir qui nous est nécessaire.
Affirmation de la volonté qui se cache en chacun, c'est bien là le
travail de philosophie que de rechercher des solutions concrètes que
l'esprit peut apporter à la vie pratique quotidienne.
Doit-on
lui reprocher l'apologie d'un certain mérite ? Non, plus l'éloge
d'une certaine chance. Cette même chance, fatalité le fera
peut-être un jour sombrer dans l'oubli aussi rapidement qu'il en est
sorti ? Le système causal universel qui régit notre univers n'est
pas assez chaotique pour espérer un jour parvenir à cette
prouesse... mais qui sait ? Ne jamais dire jamais !
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