samedi 7 avril 2012

Tous philosophes - Justin Bieber

Dans l'horizon philosophique de ce troisième millénaire se profilent quelques rares talents médiatiques qui ont cette faculté saisissante d'appropriation de questions fondamentales encore aujourd'hui irrésolues. Parmi ces jeunes pousses il y a le prodigue Justin Bieber dont l’œuvre ô combien reconnue ne saurait dissimuler les grands axes de sa pensée métaphysique.
Dans son opus dynamique Never say never, les grands axes du paradoxe de la causalité et de la non-détermination sont posés. Ne jamais dire jamais ? La tournure injonctive est quelque peu déroutante car elle incite à respecter une règle, une loi qui est instantanément trahie. Énoncé contre-performatif pourrions nous dire puisque l'acte même de sa prononciation décrédibilise son contenu. En connaissance de l'engagement politique de l'auteur de ces mots nous ne pouvons que nous résoudre à admettre l'aporie d'une telle hypothèse : Justin Bieber ne fait pas là une critique de la loi, et n'appelle à aucun soulèvement anarchiste ou antigouvernemental. Dommage.
Il est bel et bien question de ce que l'on pourrait nommer vulgairement le hasard, comme la somme des causes complexes inconnues qui aboutissent à un effet dont on ne peut conséquentiellement pas prévoir la venue. Il rejoint de ce point de vue le penseur francophone C. Mahé qui souleva l'idée quelques années plus tôt parce qu'on ne sait jamais. Mais là où J. Bieber se distingue d'une soumission à un certain pouvoir divin indéterminé il invoque sans équivoque le destin. It's my destiny affirme-t-il, clamant une foi inébranlable dans l'avenir.
Son enthousiasme pourrait se rapprocher à celui de Lady Gaga que nous avions évoqué précédemment, avec la différence marquante qu'affiche une certaine humilité dans les propos présentés en collaboration avec J. Smith : avec les exemples de Luke Skywalker et de David contre Goliath, les références bibliques et lucasiennes ne manquent pas pour illustrer l'espoir, la possibilité d'un renversement de situation favorable à n'importe qui.
Il affirme l'existence d'un destin tout en poussant chacun à tout faire pour accomplir ce qui reste en somme une fatalité. Il faut se battre jusqu'au bout, I will fight 'till forever, ce qui rétroactivement nous donne le pouvoir qui nous est nécessaire. Affirmation de la volonté qui se cache en chacun, c'est bien là le travail de philosophie que de rechercher des solutions concrètes que l'esprit peut apporter à la vie pratique quotidienne.
Doit-on lui reprocher l'apologie d'un certain mérite ? Non, plus l'éloge d'une certaine chance. Cette même chance, fatalité le fera peut-être un jour sombrer dans l'oubli aussi rapidement qu'il en est sorti ? Le système causal universel qui régit notre univers n'est pas assez chaotique pour espérer un jour parvenir à cette prouesse... mais qui sait ? Ne jamais dire jamais !

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