mardi 30 octobre 2012

Florilège de philosophie sexiste.

Aristote, Sénèque, Rousseau, Schopenhauer nous évoquent de grands courants qui ont traversé les temps. Pourtant ce qui pourrait être anecdotique est parfois étroitement lié à des conceptions éthiques ou politiques. Comment considérer ce qui est souvent mis de côté comme un symptôme de leur époque ? Certes on ne peut rejeter toute la philosophie aristotélicienne pour le seul motif qu'elle a défendu l'esclavage mais comment rendre compte de ce qui est affirmé entre les lignes et semble ne pas évoluer durant des siècles ? La condition humaine et les grands mots que sont la liberté et l'égalité ne prennent leur sens qu'aujourd'hui. Les passages sélectionnés doivent alors montrer le caractère dépassé de réflexions encore adulées. Aucun de ces philosophes n'a posé les bonnes questions, celles qui se posent aujourd'hui et qui remettent en cause nos comportements les plus habituels, normatifs et maladroitement décrits comme instinctifs.
La liste est malheureusement loin d'être exhaustive et ceci n'est que le début d'un grand nombre de perles...
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« Chacun fait la loi pour ses enfants et ses femmes »
Odyssée, Homère
Ce que nous voyons à travers les nombreux textes antiques est une affirmation d'une domination dite naturelle, ou carrément divine, de l'homme sur la femme, comme sur ses enfants. La nature ou dieu sont des arguments qui permettent de justifier tout et n'importe quoi. La nature est souvent invoquée pour elle-même à titre de constat : les choses sont comme ça et c'est ainsi qu'elles doivent être, et pas autrement. Il est ironique de se dire que le travail philosophique est censé justement remettre en doute ce que l'observation nous donne comme naturel, évident.
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« Le même rapport se retrouve entre l'homme et les animaux. D'une part, ceux qui sont apprivoisés ont une meilleure nature que ceux qui sont sauvages, d'autre part, il est meilleur pour tous d'être commandés par l'homme, car c'est ainsi qu'ils trouvent leur sauvegarde. De plus le mâle est par nature à la femelle ce que le plus fort est au plus faible, c'est-à-dire ce que le commandant est au commandé. »
Les politiques, Aristote, Livre I, Chapitre 5 1254-b
 « Le mâle est, en effet, plus apte que la femelle à gouverner, […] et le plus âgé c'est-à-dire complètement développé, plus que le jeune imparfait. »
Les politiques, Aristote, Livre I, Chapitre 12 1259-a

Aristote se justifie en considérant chez la femme une vertu, une nature, c'est-à-dire une finalité différente de celle de l'homme. Ici encore, il ne fait que rapprocher des images, des exemples, sans aucune justification (en existe-t-il vraiment ?). Il faut comprendre que cet argument est à la base de toutes les formes d'autorité et de gouvernement, ce qui n'est pas rien dans une théorie politique.

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« Qu'entre les Stoïciens et tous les autres professeurs de sagesse, il y ait, Sérénus, autant de différence qu'entre les femmes et les hommes, le pourrais le dire non sans raison : ces groupes contribuent, autant l'un que l'autre, à la société des vivants, mais l'un est fait pour obéir, l'autre pour commander. »

De la constance du sage, Sénèque
Ainsi s'ouvre ce qui constitue un classique de la philosophie. Qu'en penser ? Ce qui relève ici de principes ne sera jamais remis en cause, car admis comme acquis. Comment considérer la suite d'un ouvrage quand ces mots sont les premiers ? Peut-on seulement effacer ce qui serait considéré aujourd'hui comme une vulgaire erreur, un manque insignifiant ?

« Savoir se tenir ferme dans ses principes, y rester fidèle, en dépit de tous les motifs contraires, c'est se commander soi-même. C'est ici la cause pourquoi les femmes, dont la raison plus faible est moins propre à comprendre les principes, à les maintenir, à les ériger en règles, sont communément bien au-dessous des hommes pour ce qui est de cette vertu, la justice, et par suite aussi, de la loyauté et de la délicatesse de conscience ; pourquoi l'injustice et la fausseté sont leurs péchés ordinaires, et le mensonge leur élément propre ; pourquoi au contraire, elles dépassent les hommes en charité : en effet ce qui éveille la charité frappe d'ordinaire les sens mêmes, excite la pitié : et les femmes sont décidément plus que nous sensibles à la pitié. Mais pour elles, rien n'existe réellement que ce qui s'offre aux yeux, la réalité présente et immédiate : ce qui n'est connu que par des concepts, ce qui est lointain, absent, passé, futur, elles se le représentent mal. »

Arthur Schopenhauer, Le fondement de la morale, Première vertu : La justice; traduction d'Auguste Burdeau. Collection Livre de poche (p.164-165)
Le philosophe s'il aime la sagesse est rarement l'ami des femmes, un extrait comme celui-ci ne peut guère attirer les cœurs féminins. La frustration est-elle la cause d'un tel machisme ? Affaire à suivre...

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