Doit-on encore et
toujours se conformer dans la coupe de nos cheveux ?
Cette question paraît
superficielle mais est bel et bien existentielle !
Il est étonnant de voir
que la sphère capitaliste de la personnalisation à outrance ne se soit
pas encore répandue à la coupe de cheveux, partie du corps comme
objet d'expression pourtant privilégié. La réponse est évidente
mais toujours paradoxale : on soigne les apparences d'individualités
qui sont finalement toutes les mêmes.
Le poil a quelque chose
d'animal. C'est instinctivement ce qui nous fait préférer les
mammifères aux reptiles. Allez savoir maintenant quel lien établir
entre la peluche et l'impression de douceur ? Les représentations
que nous faisons des animaux jouent sur nos affects. De nos
semblables les singes nous avons perdu ce qui recouvrait notre visage
abondamment. Que reste-t-il ? Si l'on considère la fonction
biologique du poil comme régulateur thermique alors il n'est plus
que superficiel, superflu car remplacé par nos vêtements. Il a
cependant encore et toujours une fonction. Quelle est-elle alors ?
Aujourd'hui la
persistance animale se lit sur nos têtes. Ce qui distingue l'homme
de la femme dans une dialectique de genre distingue également
l'homme de l'animal dans une dynamique de l'espèce. Le concept de
virilité se rapproche alors de celui de bestialité. Mais il n'est
pas lieu ici de se demander si l'homme est plus animal que la femme
(il y a pourtant tant à dire...). La question ici est de se demander
comment chacun peut jouer avec ou contre ce qui n'est pas un organe
au sens propre du terme mais qui constitue une partie de soi
importante.
La coiffure est
importante car elle fait partie de ce que nous avons de plus
singulier : les traits de notre visage. Les cheveux peuvent cacher et
peuvent être cachés, mis en avant ou dissimulés. Il n'existe pas
de coiffure neutre, car même l'absence de celle-ci marque un choix
esthétique. La coiffure reflète les modes à travers le temps et à
travers les idées.
Si le temps passe et les
jours se ressemblent, ils diffèrent pourtant. Deux personnes peuvent
partager la même coiffure mais jamais n'auront les mêmes cheveux.
Mais de la même manière une même personne subit les ravages du
temps. Ses cheveux tombent jour après jour et repoussent également,
ainsi sa peut rester la même sans que les cheveux qui la composent
ne soient identiques. Doit-on y voir une image de la société ? On
le peut !
Si c'est ce qui nous
rapproche de l'animal, c'est également ce qui nous rapproche du
végétal. Les cheveux semblent avoir leur croissance propre,
indépendante. C'est symboliquement la vie qu'ils représentent et
certains peuvent aller jusqu'à les considérer comme sacrés. On
peut également les tailler comme on le ferait pour un bonsaï. La pilosité s'impose à nous et révèle les exigences de chacun.
Certains s'en occupent quotidiennement et d'autres la négligent.
La coupe de cheveux est
encore aujourd'hui sexuée parfois interprétée de manière sexiste,
les filles ont les cheveux longs et les garçons des cheveux courts.
Doit-on y voir une quelconque signification ou un simple conformisme
? Les idées évoluent et les mœurs avec, on sait combien
l'extravagance peut être une soupape d'expulsion face à un cadre
social trop rigide. Certaines coupes sont des symboles idéologiques,
une crête ou des dreadlocks renvoient immédiatement à des
cultures particulièrement marquées d'un point de vue esthétique.
Parfois le refus des normes esthétiques classiques donne lieu à
d'autres normes, comment considérer alors le mouvement punk qui se
positionne contre les normes alors qu'il en établit de nouvelles ?
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