Notre alphabet latin issu
du grec est lui même issu du phénicien et les formes qui nous sont
parvenues aujourd'hui sont inspirées de la nature. Chacune suit un
mouvement, une direction qu'elle soit inscrite dans une verticalité,
dépassant l’œil de part et d'autre ou bien plus fermée, tassée
obligeant les brèves courbes à se replier sur elles-mêmes.
Chaque lettre possède sa
forme, son mouvement propre qui n'est défini que par opposition aux
autres, c'est ce qui lui permet d'être libre et matière à création
à travers la calligraphie, la typographie ou sa forme urbaine dans
les graffitis. Ainsi par exemple le O n'est pas une forme figée mais
une norme, un ensemble de contraintes qui englobe une multitude de
graphies : il peut être un cercle comme une ellipse, un disque
ou même un point mais bien plus : dans l'écriture manuscrite
on le retrouve avec une petite queue, sur un cadran digital il peut
être carré et discontinu, il peut même à l'extrême disparaître
derrière une forme, un symbole tel un visage, un soleil ou toute
autre forme qui pourrait saisir l'essence de la lettre.
Cette liberté est
primordiale et nous permet de déchiffrer les écritures manuelles
propres à chacun. Pouvoir comprendre la psychologie d'un sujet à
travers sa plume, comme nous l'évoquions plus tôt pour la
calligraphie chinoise (voir article relatif),
jusqu'à un certain point il est clair que chacun s'approprie les
normes d'écriture et l'espace, les limites qu'offrent celles-ci dans
l'interprétation des codes. L'écriture manuscrite n'est pas de la
calligraphie, elle ne cherche pas l'idéal esthétique d'une lettre,
une telle réflexion n'est pas engagée dans l'écriture quasiment
mécanique de la main tenant un simple crayon. Au fond la simple
écriture manuscrite consiste en la recherche et l'application des
critères minimums assurant la discrimination des lettres les unes
par rapport aux autres.
Si
elle trouve toute sa liberté dans l'écriture manuscrite, la lettre
est largement exploité comme symbole, portant les couleurs d'une
marque, d'une institution, d'une idée. Dans les sciences,
mathématiques ou physiques, la lettre peut porter à elle seule la
quantité d'énergie électrique, la valeur d'un nombre définie ou
non, par convention métaphorique nous accordons beaucoup de valeur à
ce qui est à la base, élémentaire ! Nous retrouvons le « S »
ou le « Z » bien connus comme signatures de nos héros et
le « M » indique aussi bien le chanteur français, le
métro comme la chaîne de restauration rapide américaine, selon des
formes et couleurs différentes.
Si
les lettres s'effacent généralement derrière les mots elles
peuvent aussi bien les dépasser. Des acronymes fleurissantes aux
gentilles charades en passant par l'affreux langage SMS (ironie du
propos) les lettres s'émancipent de jour en jour.
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