mercredi 2 novembre 2011

Un sens à la musique ? - 1


Qu'est-ce que la musique ? En quoi a-t-elle du sens ? Ce qui nous intéresse ici et dans les articles suivants est de s'interroger sur sa signification en tant qu'objet artistique particulier personnel, conventionnel et identitaire.

1. La musique en tant que pure sensation animale

Si nous reprochons parfois à l'art d'être trop intellectuel, incompréhensible, réservé à une élite, la musique paraît être partagée sous ses différentes formes par tous, les animaux y compris. Ne serait-ce pas la forme d'expression la plus primitive, la plus physique, la plus brute, la plus animale comme la résonance de notre intérieur ? Le rythme est en chacun de nous. Les muscles de notre cœur le font battre continuellement faisant affluer le sang qui traverse chacun de nos organes, en collaboration avec nos poumons qui se remplissent et se vident d'air. Notre pouls est à la mesure des œuvres musicales, allant d'une soixante à deux-cent-quarante pulsations par minute. Si le tempo se rapporte à l'effort, à la vitesse, la musique nous rappelle simplement en chaque instant notre existence à travers le temps. En réduisant la musique au rythme (bien qu'elle ne soit pas que ça) elle porte une fonction importante de matérialisation du temps qui passe. Le tic-tac d'une horloge ou d'un métronome est déjà en soi de la musique, dans cette approche où les sons ne sont plus de simples bruits désordonnés, sans progression ou place dans le temps autres que leur manifestation propre mais par leur juxtaposition, répétition, similitude, ils investissent la durée tout en la découpant. De ce fait, par sa déconstruction les sons rythmiques rendent manifestent une chose, le temps, qu'on ne peut percevoir de cette manière autrement. Malgré cette hypothèse nous savons que ni la musique, ni la perception temporelle ne peuvent se réduire au rythme. Les recherches scientifiques notamment en neurologie nous ont permis d'approfondir un lien étonnant entre la perception du temps et de l'espace. Nous savions déjà que certains animaux tels les dauphins ou les chauve-souris se repéraient et se déplaçaient grâce à leur perception extrêmement affinée d'ondes sonores. Nous savions également que ce que nous appelons l'oreille interne nous sert à nous maintenir en équilibre, et que c'est à elle que nous devons en partie les maux de mer. L'université d'Otago a démontré par expériences sur des sujets atteints d'amusie, d'agnosie musicale qu'ils présentaient des troubles de localisation. Une autre étude a montré comment la pratique musicale favorisait la relation entre les deux hémisphères du cerveau ainsi que la coordination des membres, ou la capacité à se représenter les formes dans l'espace. Le son qui forme la musique est un déplacement rapide d'air, la perception par notre oreille se fait par sensibilité des différentes fréquences, vitesses donc auxquelles se meuvent les particules d'air. Notre propos ici n'est pas de présenter le fonctionnement de l'oreille humaine mais nous devons comprendre que la musique est bien un phénomène physique, et en tant que tel il affecte notre corps directement (ou par le moyen du cervelet) en agissant sur la sensation qui peut être agréable ou douloureuse. Ainsi certaines fréquences trop aigües, le crissement d'une craie sur un tableau par exemple, seront insupportables. En essayant de réfléchir au sens sensible de la musique nous voyons donc bien en quoi elle s'adresse avant-tout à notre corps plutôt qu'à notre esprit. Si nous constatons que la musique est animale, nous nous doutons bien que les sensations brutes qu'elle peut procurer ne suffisent pas à la décrire. Si la musique est une expérience sensible plus complexe, c'est qu'elle crée ou rappelle des émotions.






"La musique émotion" à suivre...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire