dimanche 28 octobre 2012

Anatomie du cycliste. Rotations et translations.

Il existe différents modes de déplacement urbain et péri-urbain et chacun conditionne une conception de la ville et de ses alentours. La voiture, le bus, le vélo, le piéton, le métro sont autant de manières de concevoir la ville.

Le vélo est un objet technique mais n'est pas une machine. Il ne sert pas à proprement parler l'humain comme la voiture. S'il est soumis à l'usure, un bon entretien et une bonne facture suffisent à lui conférer une longévité certaine. S'il n'a besoin d'aucune énergie extérieure sinon celle de l'homme il serait plus juste de parler du vélo comme une extension du corps humain.
Comment caractériser la suite de mouvements cadencés qui semblent circulaires mais se fondent essentiellement sur un mouvement de pompe. A l'origine il y a les muscles des jambes qui se contractent puis s'étirent avant de se contracter à nouveau et recommencer. L'objet qu'est le corps humain n'est pas seulement amplifié comme on lui aurait ajouté des prothèses qui remplacerait des membres manquants, les mouvements mêmes sont différents, la flexion des articulations est plus importante, la cadence est accélérée. Le cycliste n'est pas un simple piéton assis. Le cycliste développe un autre rapport au temps et à l'espace. Parce qu'il est dans un même rapport de force, il puise son énergie de son propre corps, mais qu'il subit un décalage avec la technique le corps du cycliste entre dans une autre dimension spatiale. L'effort qu'il fournit influe sur le mouvement général de son corps mais l'ensemble homme-cycle roule et peut se laisser porter par sa propre énergie. Lorsqu'il est dans l'effort et lorsqu'il se relâche le corps n'a pas le même rapport au réel, au temps. Il accélère, il ralenti. Le cœur se contracte puis se relâche. Le sang afflue rapidement jusqu'aux muscles, approvisionnant l'oxygène et repartant chargé de toxines.

L'automobiliste ne nécessite pas d'efforts. La simple flexion de sa cheville suffit à lui faire appuyer le pied sur la pédale qui injecte alors dans le moteur le carburant nécessaire à décupler ce simple mouvement. Qu'il soit au ralenti comme à grande vitesse, l'effort est le même et le rapport au temps et à l'espace, inchangé. L'automobile, qui "bouge d'elle-même".

Dans l'autobus comme en voiture, le passager est passif. Les transports en commun par leur taille offrent un véritable espace dans l'espace. Une cage en métal, un lieu mobile. Le temps à l'intérieur est-il le même qu'à l'extérieur ? Les échelles de perception temporelle sont-elles distinctes, se chevauchent-elles ? La cadence n'est pas marquée par l'allure mais par les arrêts. Le temps est segmenté, discontinu. Toute sortie est conditionnée.

Le piéton, le cycliste ne se coupe jamais brutalement de cette dimension, ce rapport du temps à l'espace. Il accélère progressivement, ralenti. Il ne change pas de rapport, il change le rapport. Il n'élabore pas une autre mesure, à l'écart de celle de la nature, mais perfectionne cette dernière.

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