samedi 1 octobre 2011

Procrastination

C'est déjà arrivé à n'importe lequel d'entre nous. Un matin on se lève, une journée commence. C'est un rendez-vous, une tâche ménagère, une échéance administrative... on peut décaler d'une heure, de plusieurs. Parfois on reporte au lendemain, en espérant que des conditions seront plus favorables. Parfois on se dit simplement que ça peut attendre et puis ce n'est qu'un mois plus tard qu'on envoie ce fichu papier que tel ou tel organisme nous réclamait. Certaines choses peuvent traîner des mois, voire des années avant de générer des problèmes, ce qui ne nous effraie pas plus que ça jusqu'au jour où tout éclate !
L'angoisse du temps. La peur du vide. D'où me vient cette manie de toujours tout reporter. Il a a toujours des moments, ces grands intervalles temporels où je suis libre, c'est à dire que les contraintes qui me sont habituellement imposées de l'extérieur c'est à moi seul de les mettre en place pour finalement, avec une autodiscipline plus ou moins indéfinie, me soumettre à ma propre volonté. Et cette volonté fait malheureusement trop souvent face à cette angoisse, cette abîme du temps qui passe malgré le silence, malgré l'apparente tranquillité d'un espace immobile.
Reporter dans le temps c'est comme rejeter dans l'espace : tenter d'éloigner l'objet de soi. Mais derrière la forme que peut prendre telle ou telle tâche l'objet évité peut être la conscience, la responsabilité, la nécessité. Ces valeurs si pesantes dont chacun essaie d'une manière ou d'une autre, à une certaine échelle de s'affranchir. Cette illusion, le fait de croire que reporter une échéance à plus tard équivaut à gagner un peu de liberté, est vite rattrapée par la réalité du cercle vicieux dans lequel je tombe à chaque fois que ce qui peut tout aussi bien s'apparenter à de la flemme prend des allures de considérations logiques et logistiques pour ne fournir qu'un alibi à ma conscience.
Ne rien s'imposer, est-ce vraiment être libre ? Pourtant l'absence de contrainte est déjà une contrainte. Peut-on alors être libre et la conscience tranquille ?
J'argumente souvent auprès de ma conscience l'idée que je peux avoir du temps libre en repoussant les activités obligatoires mais le poids du temps m'empêche paradoxalement de faire autre chose que ne rien faire, disons plutôt ne rien faire qui ne nécessite plus d'énergie ou de motivation que les choses que j'ai décidé de ne pas faire : ce serait sinon complètement insensé ! Hélas, ne rien faire est en soi une activité comme une autre à laquelle je ne peux échapper et je me retrouve toujours piégé par cette même angoisse qui ne cesse de me rappeler le temps que je suis en train de perdre. En effet ce qui n'est pas fait reste à faire et ce qui est fait n'est plus à faire, cet énoncé s'apparente à une tautologie mais en poussant le raisonnement plus loin je me décide toujours finalement en faveur de l'action, l'accomplissement de ceci ou cela avec la conviction que plus je passe mon temps à faire ce que je n'ai pas envie (sur le moment) de faire et plus vite je serai débarrassé de cette multitude d'échéances qui me tiraille ! Et là, le cercle recommence son cycle et je me demande ce que je vais bien pouvoir faire une fois que je n'aurai plus rien à faire. Toujours cette même raison, la peur du vide, l'angoisse de l'ennui. Et là c'est le comble, je n'ai pas envie de n'avoir rien à faire, et c'est donc pour ça que je ne fais rien. Qui a dit que ce n'était que de la flemme ?

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