22 Septembre 2011. Troy Davis est exécuté.
Malheureusement encore de rigueur dans
des pays démocratiques ou non, la peine de mort ne cessera de nous
indigner que lorsqu'elle est cessera de faire des victimes. Bien que
bannie dans les sociétés les plus développées elle est pourtant à
l'image de relations humaines dégradées imprégnées de violence,
de brutalité, de barbarisme.
La peine capitale comme toutes les
autres lois repose sur la justice, à la différence près qu'aucun
recours n'est possible une fois la sentence exécutée. Elle affirme
donc implicitement le caractère parfait de la loi, de la justice. Et
c'est dans un premier temps de cette idée même qu'il faut douter.
Comment la justice peut-elle être parfaite ? Un jugement par
définition est une appréciation par la raison de faits mis en
relation dans une logique établie par le juge. Si cette logique
était si transparente elle pourrait être interprétée par une
machine. Ceci n'est pas possible du fait du caractère individuel et
indéfini des actions et jugements de chacun. Puisque chacun agit et
pense différemment, aucune machine ne saurait voir ou prévoir ce
qu'il se passe dans la tête d'un homme. Ce même argument qui
justifie la nécessité d'une personne morale comme juge rend cette
dernière tout aussi fragile quant à l'exactitude ou l'objectivité
des jugements qui ne peuvent être qu'idéales.
Seulement nos sociétés technologiques
tendent vers l'ère binaire, manichéenne où tout est de plus en
plus noir ou de plus en plus blanc. Et dans un contexte permanent de
chaos les institutions se rassurent en croyant pouvoir prouver
qu'elles maîtrisent des idées inatteignables. La justice n'existe
pas au sens idéal du terme, les lois ne sont que les barrières
permettant à la haine vengeresse de s'exprimer sous les traits
hypocrites de la balance du bien et du mal.
La mort est le plus haut degré dans
l'échelle de la violence. La mort nous choque car elle signe la fin
du combat contre la paix seulement avant de crier à la mort il faut
s'aviser d'éviter les moindres coups. Les films et séries
banalisent les images de la torture, la cruauté jusqu'à parfois les
défendre au nom encore une fois de la justice, cette fois-ci
personnelle, comme avec Dexter le justicier-assassin. Les jeux vidéos
permettent également de mettre en scène et placer au centre de
l'action tout public pouvant alors exercer violence, force, meurtres
par procuration toujours sous l'étiquette d'une quête quelconque
contre le mal, les créatures de l'enfer ou des zombies dégénérés.
Une deuxième question apparaît ici nécessaire : faut-il absolument
prendre conscience de toute la potentialité destructrice de l'homme
? Plus explicitement faut-il tout montrer, toutes les réalités, les
plus cruelles soient-elles au nom du droit de savoir, de
transparence, au risque d'altérer les valeurs même attribuées à
des actions graves mais qui
se vulgarisent ?
Le
rapport que nous entretenons avec les autres est le reflet du rapport
à soi. La violence est-elle naturelle et nécessaire ? Est-elle
l'expression d'une frustration engendrée par notre société
opprimante,étouffante ? Nous pouvons supposer que d'une certaine
manière nos actions violentes sont fortement liées à nos
conditions sociétales. Ainsi, les médias pourraient apparaître
comme un défouloir nécessaire, mais les images animées endossent à
mon goût beaucoup trop les excuses et alibis que l'homme se donne
pour ne pas admettre la réalité en face et se faire violence à lui
même, par le sport, le travail ou la simple discipline personnelle.
Non, nous sommes dans l'ère de l'oisiveté, de la fainéantise, du
moindre effort pour au contraire succomber aux plaisirs paradoxaux du
corps, de la table et des drogues. L'homme contemporain se détruit
sans se faire violence. Il ne s'engage pas car ça demande trop
d'énergie et ferme les yeux sur les problèmes qui ne le concernent
pas. Seulement il oublie trop souvent que ne pas agir est agir
inévitablement et que la passivité ou l'indifférence font trop
souvent la différence.
Qu'elle
qu'en soit son intensité, sa violence,
toute énergie doit être maîtrisée et canalisée pour être
efficace, utile, sinon elle n'est que vent soufflant dans le vide.
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